L’ultra distance et le bikepacking

De plus en plus, la manière de faire du vélo évolue pour sortir de l’esprit compétition en peloton. Le vélo rassemble de nouveaux publics à la recherche d’une pratique plus aventureuse. Partir à l’aventure sur son vélo, le rêve. Encore faut-il s’y préparer. Alors quel matériel pour le bikepacking ?

Le terme “bikepacking” est apparu comme une étoile fulgurante dans le ciel des cyclistes et des passionnés de la pratique du vélo sous les traits de Fiona KOLBINGER, première femme à remporter la Transcontinentale 2019. Pourtant, cette notion ne fait que mettre en lumière une pratique marginale plus ancienne, celle de l’ultracyclisme.

L’ultracyclisme

L’épreuve emblématique de la discipline, Race Across América, est née en 1982.

bikepacking

L’ultracyclisme propose des épreuves de très longues distances (plusieurs centaines, voire milliers, de kilomètres). Il se distingue du cyclotourisme en introduisant un classement final ce qui donne à ces épreuves une image de compétition. Ce qui, au final, brouille un tant soi peu son image malgré que, pour les participants, l’objectif est ailleurs.
[Lire notre article → “Femme et cycliste : mais qu’est ce qui les fait rouler“]

L’ultracyclisme : des courses

On a tous dans la tête ces courses célèbres, La Transcontinentale Race, L’Atlas Mountain Race,
Tout est extra dans ces épreuves : la distance, les dénivelés, les lieux, les paysages… Tout est extrême, sauf les femmes et les hommes qui tentent de se hisser à la hauteur du défi Olympien.

Même si tout est ultra, le cycliste est très vite ramené à sa condition. Il doit dormir, se nourrir, prendre soin de lui s’il veut aller au bout de son épreuve. Certains parlent de “dépassement de soi”. Il s’agit, plus sûrement de la capacité à prendre en compte et à gérer tous les paramètres qui font les caractéristiques de la course.
Et donc, dans ce contexte, le bikepacking est une recherche de solutions pour emballer le plus efficacement possible ce dont on a besoin pour “survivre” à l’épreuve qu’on s’est donnée.

Ultracyclisme et stratégies

Et, pour y parvenir, la cycliste doit être la plus efficace possible. Rouler le plus vite possible sachant qu’il y a 4 000 km à parcourir. Rouler le plus longtemps possible sachant qu’il faut dormir. Manger. Boire.
En somme, répondre aux besoins primaires de l’être humain tout en cherchant à minimaliser ce qu’on emporte avec soi à la fois parce qu’il faut réduire le poids sur le vélo mais aussi parce que la place sur le cadre du vélo est réduite.

Mais, ne nous trompons pas, le bikepacking n’est pas simplement l’emballage des accessoires dont on besoin. Éminemment liée à cette discipline, il y a la notion de stratégie qui est déterminante sur le choix de ce qui sera à emporter. Il faut, également, s’adapter aux lieux que l’on va parcourir et aux contraintes météorologiques que l’on risque de rencontrer.

Cette page “RIGS de l’Atlas Mountain Race” de l’excellent site internet dédié à la discipline BIKEPACKING.com illustre les formules choisies par les concurrents à l’Atlas Mountain Race.

[Lire l’article → “La Transcontinentale Race“]

Comment s’équiper pour le bikepacking ?

Un vélo polyvalent : le vélo de Gravel

Un vélo de gravel semble indiqué pour vivre ce type d’aventure. Il est polyvalent, ce qui signifie que sa configuration est pensée pour aborder tout type de terrain. Très souvent, les concepteurs ont prévu des points de fixation pour ajouter des accessoires. En outre, les transmissions installées sur les vélos permettent de supporter une augmentation du poids du vélo malgré les dénivelés importants.
La priorité est le confort de conduite. La selle doit être confortable.

[Pour choisir le vélo de Gravel idéal, suivre le lien]

Les espaces de rangement

Le poids est la question essentielle. Il est, bien entendu, possible de tout emmener pour assurer un confort total. Mais les kilos supplémentaires pèsent sur la vitesse de déplacement et/ou sur l’endurance générale. Donc, il faut choisir et penser stratégies.
Au delà de ces considérations, il y a 6 zones où il est possible d’attacher des sacoches.

  • Derrière la selle
  • Devant le guidon
  • Dans le triangle délimité par les tubes du cadre
  • Sur ou sous le tube horizontale
  • Sur les deux parties de la fourche avant
  • Sur les deux parties de la fourche
  • Un sac à dos peut être utile pour emporter davantage d’accessoires.

Comment on organise tout cela ?

  • Une sacoche de guidon peut contenir jusqu’à 15 litres. On peut y ranger un matelas, un sac de couchage et un Bivvy.
  • Une sacoche de cintre est une solution afin de mettre à disposition tous les objets et accessoires à tenir à portée de main. Alimentation rapide, appareil photo/téléphone, lunettes, crème solaire, boisson…
  • La sacoche de cadre. On doit pouvoir y ranger les accessoires indispensables : kit de réparation, cadenas, batteries. On peut la choisir de différentes dimensions à condition d’avoir de la place dans le triangle.

Les vêtements

Il faut être efficace dans le choix des vêtements. Et tenir compte des conditions météorologiques de la période du voyage et du lieu où on se rend ou qu’on traverse.

  • La priorité est de disposer d’un cuissard équipé d’un insert dont on est sûr qu’il est efficace pour supporter de longues heures de selle. Le modèle doit être solide et sécher rapidement si, par exemple, on fait le choix de n’en emporter qu’un seul. [Les cuissards Rapha Core Cargo Shorts et Cargo bib Shorts]

Quelque soit la saison, il existe de nombreux vêtements suffisamment techniques pour réguler correctement la température corporelle.

  • En hiver, on privilégie le multicouche. [Cyclisme en hiver : 3 conseils pour s’habiller correctement]
  • En été, on privilégie une tenue plus légère permettant d’évacuer la chaleur quand il fait chaud et la conserver quand la température baisse.
    Un sous-vêtement thermique vient compléter la tenue quand la température est plus fraîche. De plus, il ne prend pas beaucoup de place. On pense aussi à des manchettes et des jambières épaisses.
  • Pour la nuit, on prévoit un vêtement chaud de type “Doudoune” qu’on porte sur le vélo et lorsqu’on dort.
  • Il faut prévoir un vêtement imperméable. Une veste et un pantalon imperméables ou un “pancho” qui couvre l’intégralité du corps et le protège de la pluie.
  • Il faut prendre soin des extrémités, en prévoyant une paire de gants chauds, des chaussettes en laine et des sur-chaussures. Il faut pouvoir protéger les extrémités de la pluie par des accessoires imperméables.

Vêtements et sacs étanches

On prévoit un ensemble de vêtements de rechange qu’on place à l’arrière de la selle dans une sacoche imperméable. Chaussettes de rechange, 2 à 3 maillots supplémentaires, un cuissard, serviette, tee-shirt, short ou/et bas de pantalon sont placés dans des sacs étanches (dry bags).
Dans un sac, on range un gel douche, brosse à dent et dentifrice. On prévoit, aussi, des pansements de différentes tailles, une solution antiseptique, des médicaments anti-douleurs, un anti-moustique.

Pouvoir se guider

Il faut avoir confiance dans le système de navigation choisi. Le modèle de GPS doit permettre de suivre des traces plus confidentielles. Il faut penser à l’autonomie du GPS, son temps de recharge et la possibilité de le charger tout en l’utilisant.
Le process est simple. On trace le parcours sur une application dédiée à la cartographie. Komoot, par exemple, permet un tracé précis intégrant toutes sortes de chemins. Une fois enregistrée, il est possible de l’exporter vers le GPS.

Gestion de l’hydratation

C’est une question de survie. Le cycliste doit sans cesse avoir à sa disposition de l’eau et renouveler les stocks à chaque occasion. On peut fixer des porte-bidons sur le cadre. Il existe, aussi, des sacs permettant de réserver de 3 à 5 litres d’eau.
La deuxième question est celle de l’accès à l’eau potable. Il faut savoir où trouver de l’eau potable. Il est possible d’adjoindre un système de filtration de type MSR Trail Shot au sac d’eau. Il est nécessaire de prévoir des comprimés de purification de l’eau.

Le kit de réparation

Comme pour toute sortie à vélo, il est nécessaire d’emporter outils et accessoires pour réparer. Encore une fois, le kit doit tenir compte des exigences du parcours à suivre. Plus il est technique, plus il est prudent de prévoir suffisamment de matériel.

On prévoit trois chambres à air, trois démonte-pneus, une mini-pompe et un multi-tool. En théorie, ça devrait suffire en cas de problème pas trop dramatique. Si le parcours est gravel, on prévoit un pneu de rechange.
Dès qu’on en a l’opportunité, on remplace le matériel endommagé.

Alimentation électrique

Le cycliste n’a pas à se priver des technologies lui apportant davantage de confort. Mais pour en profiter, il faut d’abord penser à un dispositif permettant d’alimenter l’ensemble des appareils.
Effectivement, entre le smartphone, le compteur, l’appareil photo, et les lumières, la gestion de l’énergie est une question primordiale.

Deux solutions sont possibles, selon les exigences du parcours.

  • Utilisation de batteries externes. Elles existent en différentes capacités de charge. Par exemple, 20 000 mAh permet de recharger 7 fois un téléphone.
    Il faut prévoir de recharger ces batteries à chaque fois que c’est possible.
  • Il est possible de générer son propre courant en utilisant une dynamo. Le site LE CYCLO fait une présentation complète des solutions possibles dans ce domaine. Ces dynamos (bouteilles ou moyeux) permettent d’alimenter directement un feu avant et/ou arrière.
    En introduisant dans la boucle un connecteur régulateur, il devient possible de recharger tous les appareils électriques

Se rendre visible

La visibilité sur la route est avant tout une question de sécurité. Non seulement il faut voir mais en plus, il faut être vu.

  • Le feu avant doit être suffisamment puissant pour éclairer la route et ses abords. Cependant, il faut veiller à ne pas éblouir les automobilistes.
    Sur la route, de nuit, il serait prudent d’avoir deux lampes de part et d’autre du cintre correspondant à la puissance de feux de croisement soit environ 400 lumens. Une lampe frontale permet de balayer la chaussée.
    De nuit, sur les chemins, il est prudent d’augmenter la puissance de la lampe. On peut aller vers 1000 lumens.
  • Le feu arrière permet d’être vu sur la route. Plus elle est puissante, plus le cycliste a de chance d’indiquer sa présence.
  • En portant des vêtements “haute visibilité”, on améliore la sécurité du cycliste. On peut compléter la tenue par des brassards portés sur les bras et/ou les chevilles.

Précaution – on prévoit un deuxième jeu de lampe.

L’ultracyclisme fait rêver. Pourtant, ce type de pratique reste marginal. Peut-être que cet article est une occasion pour vous lancer. Dîtes-nous si c’est le cas…

2 Comments

  1. Merci pour cet article qui je pense est assez complet et permet de penser à de 1ers investissements. L’ultra, j’y pense, je lis mais pour l’instant je ne franchis pas le cap

    • Merci pour ce commentaire Sandrine. C’est vrai que le premier investissement est humain : se lancer modestement. Faire sa première sortie longue, sur la journée, prendre son temps de profiter de cette expérience. Recommencer…

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