Cyclisme et engourdissement du périnée

L’engourdissement du périnée est sûrement l’inconvénient majeur ressenti également par les femmes et les hommes lorsqu’ils roulent à vélo. La sensation est présente pour les débutantes et perdurent lorsque la pratique s’intensifie, jusqu’à, parfois devenir une souffrance profonde.

Et encore, la sélection d’un cuissard efficace, le choix d’une selle adaptée, l’augmentation du nombre de kilomètres en espérant que les fesses se tannent ne sont, parfois, que des solutions transitoires. La selle et l’intensification de la pratique ne sont pas des solutions, elles sont à l’origine du problème, l’engourdissement du périnée, des douleurs voire des souffrances que la position assise sur une selle mince et dure occasionnent.

engourdissement du périnée

Pourtant c’est loin d’être une fatalité. Ces difficultés peuvent être une occasion de réfléchir à la manière dont on pratique le vélo. Et par des ajustements progressifs et des mesures ordonnées, venir corriger ces dysfonctionnements.

L’engourdissement du périnée : une réalité pour 21% des cyclistes

A ce sujet, lire “10 conseils pour être bien assise sur une selle

Une enquête portant sur des cyclistes hommes et femmes de haut niveau mettait en évidence la plus grande vulnérabilité des femmes occasionnée par l’appui du bassin sur la selle.

  • Un tiers des cyclistes se plaignaient de la sensibilité élevée des tubérosités ischiatiques.
  • 21% des cyclistes avaient une diminution de la sensibilité du périnée.
  • 13% des hommes avaient des troubles de l’érection.
  • Dans la même enquête, on remarquait que 73% des femmes avaient des lésions cutanées contre 54,4% des hommes alors que le nombre de kilomètres sur la selle était inférieur de moitié (13 000 contre 27 000)

A ce sujet, lire “10 conseils pour être bien assise sur une selle de vélo

Des explications

Pédaler assis sur une selle mince et dure, et subir constamment des impacts répétitifs, génère une pression périnéale qui se cumule et s’amplifie selon le nombre d’heures passées assise. La pression du périnée comprime indirectement le nerf pudendal et augmente la friction du nerf avec les structures périphériques. Le nerf est exposé à des microtraumatismes répétitifs. 

En cause, la position du cycliste

La position du cycliste accentue la vulnérabilité de cette zone. Le nez de la selle presse directement sur le périnée et la symphyse pubienne (l’articulation reliant les deux os iliaques, à l’avant du bassin). Une pression accentuée par l’inclinaison du cycliste vers l’avant. De cette façon, le nerf pudendal est pincé juste à son émergence en dessous du pubis. Les mouvements des jambes pédalant dans la position assise vers l’avant étirent le nerf sur les structures ligamentaires et le mettent en tension.

D’un point de vue anatomique, deux informations sont importantes pour comprendre le rôle du nerf pudendal dans l’inconfort provoqué par la position assise. 

Un nerf mixte

C’est un nerf mixte. Il transmet à la fois des influx sensoriels des organes génitaux, des influx moteurs du périnée. Il porte les fibres végétatives. Non seulement, il est responsable de la rigidité de la plate-forme périnéale mais aussi de la sensibilité de l’ensemble de la région. Son dysfonctionnement peut provoquer des douleurs de type neuropathique auxquelles peuvent s’ajouter des troubles de la sensibilité, une baisse des fonctions motrices et des désordres fonctionnels.

Le nerf pudendal chemine dans un espace contraint par de nombreuses structures anatomiques : os, ligaments, muscles, vaisseaux sanguins, organes. Il traverse des zones de rétrécissement. Il croise des muscles dont la puissance est augmentée par lintensité de l’exercice. Cette zone est le centre du mouvement de pédalage. De par leur rapport de proximité, ces structures peuvent exercer des contraintes mécaniques sur le nerf tout au long de son trajet.

Différents types d’affections

De ce fait, la perte de sensibilité, l’engourdissement du périnée, les douleurs sont la conséquence de la fragilisation de la fibre nerveuse. Ces affections peuvent toucher les niveau d’informations :

  • des os : sacrum et pubis
  • de la peau : pli inter-fessier, toute la région périnéale et une bande de peau descendant en arrière de la cuisse et de la jambe jusqu’au talon. 
  • des muscles qui soutiennent le rectum, ceux qui assurent la continence volontaire de la vessie et de l’anus, les muscles du périnée, ceux qui assurent la turgescence du pénis et du clitoris, les muscles profonds de l’articulation de la hanche.
  • Vasculaire : globalement tous les vaisseaux situés en périphérie de tous les éléments cités

Les douleurs  et sensations désagréables peuvent être multiples et ressenties dans la fesse, au niveau de l’anus, au niveau du périnée (engourdissement du périnée), dans le clitoris (la verge), dans la hanche et peuvent donc être accompagnées de troubles urinaires, fécaux et/ou sexuels.

Des solutions

Ce n’est pas un hasard, ni de la malchance, pas plus que de la fatalité, ni même un passage obligé pour devenir une cycliste à la peau tannée. Si des douleurs s’installent, c’est qu’il y a forcément un problème à résoudre et des mesures à prendre pour l’engourdissement du périnée.

1 – Etre assise correctement sur la selle

Avant tout autre chose, il convient de s’assurer que le cadre convient à sa pratique et à son niveau d’expérience. En fonction de sa géométrie, il peut être plus ou moins confortable. Une cycliste expérimentée supporte plus facilement une position sportive. Et pour des sorties longues, les vélos dits “endurance” sont plus adaptées. Bien malheureusement, quand on débute, on obtient rarement ce type de renseignement.
Le vélo doit être de la bonne taille et le positionnement du corps sur celui-ci doit être minutieusement réglé. Hauteur de la selle et réglage de son recul, vérification de la distance du cintre pour lutter contre l’engourdissement du périnée.

La sélection d’un cuissard de qualité doit être à l’ordre du jour. Le pad doit être dessiné pour correspondre à la physionomie du fessier, avec les renforts aux bons endroits.

Le troisième point, le choix de la selle, est un passage extrêmement important. La plupart du temps, le bassin féminin est plus large que celui des hommes. Il faut donc, s’assurer que les ischions soient en appui sur la selle et ne reposent pas à l’extérieur de la selle. L’appui de ces deux tubérosités osseuses relèvent la position du périnée sur la selle ce qui protègent ces parties dites “molles”.

A ce sujet, lire “Comment choisir une selle de vélo pour femme

2 – Entretenir la mobilité et la souplesse du bassin

C’est écrit un peu plus haut, le bassin est une zone intriquée qui rassemble dans un espace réduit des structures anatomiques de différentes natures : os, nerf, vaisseaux sanguins, ligaments, muscles.
C’est, également, le lieu où le mouvement de pédalage prend son essence. Les muscles y sont sollicités et par cette activité ont tendance à se renforcer, exerçant, éventuellement, une compression sur les structures proches. Une zone piégeuse sujette, plus que d’autres, à l’adhérence des différents tissus.

Pour entretenir cette zone, on évite, absolument, les exercices de gainage statique qui mettent les muscles sous tension et renforcent les adhérences.
On privilégie des exercices accentuant la mobilité du bassin. Le programme décrit dans cet article peut être un guide : La préparation physique du cycliste.

3 – Améliorer la fonction du périnée

Directement au contact de la selle, le plancher pelvien constitue le fond du “caisson” de l’abbdomen : il s’agit de différents muscles qui constituent une sorte de “hamac” dynamique qui va contenir la pression vers le haut.

Fonctionnellement, lorsque les muscles de ce hamac musculaire se contractent, le plancher pelvien, en augmentant son niveau de tension, bombe vers le haut, s’opposant à la pression descendante sous l’action de la gravité en particulier.
En appui sur la selle, la compression du périnée est immédiate et continue. Et cet appui forcé s’oppose logiquement à son fonctionnement naturel.

De plus, cette sangle musculaire participe à la mécanique ventilatoire. En effet, lors de l’inspiration, le diaphragme descend ; il exerce une pression mécanique sur les viscères en direction de la sangle pelvienne. Dans ces conditions, comprimé par la selle qui contraint son mouvement naturel et sous pression du mouvement inspiratoire, le périnée est mis à rude épreuve.

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*