Anna Van Den Breggen : un regard lucide sur une carrière exceptionnelle

C’est certain, Anna Van Den Breggen est une immense championne. Elle porte aussi un regard lucide et emprunt de finesse sur son métier de cycliste. Son départ à la retraite alors qu’elle est au sommet est un choix parfaitement assumé.

Anna van der Breggen ( SD Worx ), double championne du monde et médaillée d’or aux Jeux Olympiques est nominée au Laureus World Sports Award 2021 aux côtés d’autres sportives telles que Naomi Osaka (tennis), Frédérica Brignone (ski alpin), Brigid Kosgei (athlétiisme), Wendy Renard (football) et Breanna Stewart (basket-ball)

La fondation Lauréus décerne chaque année des récompenses aux athlètes, toutes disciplines confondues, qui ont le plus marqué le monde du sport l’année précédente.

Conférence de presse avec Anna Van Den Breggen

Au cours d’une conférence de presse, Anna Van Den Breggen revient sur cette nomination et revient sur les nombreux sujets d’actualité. Une interview qu’on retrouve sur CyclingNews.

Anna Van Den Breggen exprime sa joie d’être nominée à cette distinction réservée aux sportives d’exception. Une belle reconnaissance selon elle “C’est toujours un grand honneur d’avoir cette nomination dans une liste de sportifs comme celle-ci”.

Photo – page Facebook Anna Van Breggen

L’avis d’Anna Van den Breggen sur les primes

Les journalistes vont très vite vouloir entendre l’avis de la championne Néerlandaise sur les prix en argent et notamment sur les différences énormes entre les hommes et les femmes. Elle concède qu’elle n’y avait pas prêté attention jusqu’alors, ces récompenses faisant partie de l’ordre des choses “D’habitude, je ne fais pas attention aux chiffres, mais c’est simplement parce que c’est maintenant partout sur les réseaux sociaux que nous voyons les chiffres. C’est quelque chose auquel nous sommes habitués, et c’est comme ça depuis 10 ans ou plus”.

Photo – page Facebook Anna Van Breggen

Lire “Inégalités des primes dans le cyclisme : peut-on encore supporter ?

Même si elle trouve cette situation étrange, elle considère que ce n’est pas une priorité “Bien sûr, il y a une différence et c’est étrange, mais ce n’est pas quelque chose sur lequel se concentrer. Si nous continuons à nous développer comme nous le faisons actuellement, il y a plus de progrès, et ce point changera bientôt.”
Elle met en valeur l’engagement des organisateurs “nous sommes déjà très heureux que la course ait lieu et que les organisateurs font en sorte que la course se déroule. Je crois vraiment qu’ils font de leur mieux pour organiser de plus en plus de courses féminines, notamment quand elles sont diffusées en direct, et je pense que nous devrions voir cela comme une victoire, et pas seulement se concentrer sur ce qui ne va pas.”

Concernant ce point d’équilibre dont elle parle plus haut, elle insiste sur le fait qu’il faut respecter les organisateurs et les personnes qui oeuvrent au développement. “Il ne s’agit pas seulement de pointer du doigt les organisateurs et de dire “ce n’est pas juste, pourquoi faites-vous cela?” Il y a beaucoup de choses derrière et bien d’autres problèmes pour organiser des courses. C’est bien qu’il y ait de l’attention, mais il faut aussi que ce soit dans le respect des organisateurs et des personnes qui essaient de l’améliorer.”

Interrogée sur le fait que l’encadrement des équipes est principalement masculin, elle pense que ce qui est important c’est à la fois la compétence et l’engagement ” Je ne veux pas trop me concentrer sur ce point mais il faut qu’il y ait de la qualité dans le cyclisme féminin et des gens qui veulent y aller, et c’est le point principal.”

Avec beaucoup de finesse, elle prend à rebours les journalistes sur la question de la place des femmes dans les équipes cyclistes et notamment le choix de Cherie Pridham en tant que directrice sportive d’Israel Start-up Nation “Pourquoi est-ce si spécial : parce qu’elle est une femme ? Nous savons aussi des choses sur le cyclisme, ce qui est étrange pour certaines personnes, apparemment. Vous avez des femmes et des hommes qui sont bons dans ce domaine. C’est étrange que les équipes masculines n’aient pas plus de femmes parce que nous sommes bons dans différentes choses. Nous avons également besoin de directeurs masculins dans le cyclisme féminin.”

Elle avoue qu’elle envisage de s’engager dans l’encadrement d’équipe cycliste “Je voulais faire ça et je sais exactement ce qu’est le sport. J’y suis toujours, et peu importe que vous soyez un homme ou une femme. Peu importe ce que vous dites et votre aptitude à être directeur sportif. Je pense que je suis au bon endroit en tant que directeur sportif et au moins je vais essayer. Je pense que c’est axé sur le fait qu’il n’y a pas beaucoup de femmes directrices sportives, mais pour moi, cela semble être une étape naturelle, et peut-être que dans le futur il y aura plus de femmes qui feront de même.”

Anna Van Den breggen
Photo – page Facebook Anna Van Breggen

Elle envisage sa retraite avec sérénité considérant qu’il fallait donner la priorité à sa vie personnelle plutôt qu’à son métier ” C’est une histoire personnelle, d’arrêter.”
Un choix qu’elle explique par la volonté de fonder une famille “Je suis mariée et mon mari a neuf ans de plus que moi, donc cela joue également un rôle, et c’est une décision de nous deux.” Même si elle pense que c’est possible, elle n’est pas motivée de revenir à la compétition après sa maternité “il faut aussi ressentir cette motivation et c’est probablement difficile d’avoir un enfant à la maison. La situation à la maison devrait aussi être que vous pouvez recommencer à faire du vélo, que vous avez une famille qui vous soutient, que vous avez des enfants, ce serait donc assez difficile.”

En filigrane, elle reste très lucide sur le statut des sportives de haut niveau “Cette question ne concerne pas le cyclisme masculin, le choix d’avoir une famille et d’avoir des enfants concerne davantage le cyclisme féminin, c’est une grande chose parce que cela change votre vie – je n’ai l’ai pas encore vécue mais je suppose que c’est comme ça – donc avec la carrière que j’ai vécue, c’est important d’arrêter le cyclisme à ce stade”.

Anna Van Den Breggen terminera sa carrière de coureures cyclistes à l’issue des Jeux Olympiques, une échéance qu’elle envisage avec émotion, très respectueuse de l’impact de cet événement sur une carrière sportive “Ce sera très spécial de pouvoir y aller en pleine forme et de faire une bonne course. C’est vraiment difficile de pouvoir y gagner à nouveau. Je vais vraiment essayer et cela me motive de pouvoir, à nouveau, concourir. Je ne pense pas à gagner à nouveau, c’est difficile, mais je pense à être dans ma meilleure forme et à essayer d’être bon dans le contre-la-montre, la course sur route et essayer de ressentir le rêve olympique. Ces quatre années de championne Olympique sont passées très vite. J’ai changé et je pense que j’apprécierai d’être là dans ma meilleure forme.”

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