Le Paris Brest Paris d’Elisabeth Taupiac

Paris-Brest-Paris est une épreuve qui se désire. On roule longtemps avant d’atteindre le but. Elle n’est organisée que tous les 4 ans. C’est donc avec beaucoup d’humilité qu’Elisabeth Taupiac aborde son second PBP. Cette expérience est formidable : le défi est contre soi-même avec en toile de fond la volonté d’être plus forte que l’épreuve elle même.

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Un peu d’histoire

Quand on touche à Paris-Brest-Paris, on touche au mythe. Non seulement cette épreuve est redoutable mais en plus, elle est partie intégrante de l’histoire du cyclisme en France. 

Une course cycliste

La première édition nous ramène en 1891. Le directeur du “Petit journal” souhaite organiser une épreuve pour montrer le caractère pratique de la bicyclette. Le succès est immédiat : ce sont 206 concurrents qui s’élancent, certains en tricycle, tandems et même un grand-bi.

Organisée tous les 10 ans ensuite, l’épreuve est avant tout une course courue par des cyclistes professionnels et puis, des touristes routiers (1901) et des randonneurs à allure libre (1931).

Après l’édition de 1951, la course perd de son intérêt auprès des coureurs professionnels. PBP est une course longue distance qui se distingue des épreuves sur route beaucoup plus courtes. Difficile pour un coureur de se préparer pour des épreuves aussi différentes. 

Un Paris-Brest-Paris randonneur

Les randonneurs, eux, vont perpétuer la tradition. PBP est organisée tous les 5 ans, jusqu’en 1971 où l’événement prend un rythme quadriennal.
En 1931, Paulette Vassard est la première femme à terminer l’épreuve en 93h25. En 1961, Jeanne de Andreis établit un temps record de 62h03. 

Progressivement l’épreuve va se populariser, s’internationaliser jusqu’à atteindre 5 870 participants en 2015. Soixante-six nationalités étaient représentées. Parmi les randonneurs, 347 femmes. Le randonneur le plus âgé à avoir terminé son Paris-Brest-Paris a 79 ans ; chez les femmes, la doyenne a 69 ans.

Une compétition ou une randonnée

PBP n’est pas une course. Seulement, on ne participe pas à PBP sans une préparation soignée. Aller au terme des 1 200 km dans le temps qu’on s’est donné est, en soi, une performance. C’est sur ce point que réside l’esprit de compétition revendiquée par PBP : se défier, améliorer sa performance d’une année sur l’autre, optimiser ses déplacements, réduire le temps passé sur le vélo. Il n’y a pas de vainqueur à PBP ; tout le monde est gagnant. 

Pour s’inscrire, il faut valider des brevets de randonneurs, les BRM “200, 300, 400 et 600”.  Et puis, il faut choisir le temps qu’on pense réaliser : 80 h, 84 ou 90 heures.  

Le second PBP d’Elisabeth Taupiac

Elisabeth Taupiac est une cyclotouriste de la région Toulousaine. Elle participe à son deuxième Paris-Brest-Paris.

Ce que représente cette épreuve pour elle

J’ai participé pour la première fois en 2011. C’est sûr qu’il faut aimer la longue distance. Mais ce qui m’attire le plus, c’est l’ambiance. On y retrouve des passionnés, des personnes qui partagent la même envie de faire de la longue distance. Ce sont des habitués : ils font des Flèches, des diagonales, des 300 km, des 600. C’est tout à fait différent de la compétition.

On fait des rencontres, par hasard et puis, on se retrouve sur les autres épreuves. Par exemple, j’avais rencontré un randonneur de Saint-Affrique, Roger. On roulait bien ensemble, même rythme, même coup de pédale, même esprit : s’attendre, s’encourager. Alors on a décidé de rouler ensemble au PBP cette année. 

Seule, à deux ou en groupe ?

C’est pas évident. Quand on le fait en groupe, c’est difficile de trouver la bonne entente. Certains veulent aller plus vite, d’autres moins vite. En 2011, on était trois mais c’était compliqué. Un ralentissait et l’autre allait trop vite et moi, j’étais au milieu. Mais puisqu’on était parti ensemble et que chacun avait son rôle à jouer, il fallait respecter l’unité du groupe et la place de chacun. Mais c’était pas évident de bien s’entendre.  Pour moi, deux c’est l’idéal. Seule, c’est difficile. Surtout la nuit. Tu peux avoir un coup de barre et ton compagnon te remet sur le chemin. Il faut qu’il y en est un qui soit toujours attentif. 

La préparation ?

J’ai commencé l’année dernière à faire les brevets, 200, 400, 600. Tu fais des longues distances au cours de l’année. Mais pas trop quand même. Moi je fais des 150 maximum. 

Après, tu fais ces brevets qui sont obligatoires pour participer. Tu peux les faire où tu veux mais il faut qu’ils soient homologués par l’Audax Parisien. Tu peux faire les brevets dans toute la France. 

Le rôle de la famille dans l’aventure

La famille, elle peut soutenir. Mon mari devait être présent aux étapes avant qu’il n’ait des problèmes de dos, une cruralgie. On ne peut recevoir de soutien qu’en des points déterminés, les points de contrôle, 5 km avant et après chaque point de contrôle, sinon, on reçoit une pénalité de 5 heures. Si tu as des accompagnateurs, tu charges moins ton vélo.

Conseils pour réussir PBP

Je suis inscrite pour 90 heures mais en 2011, j’avais mis 88 heures. Mais maintenant, je pars avec quelqu’un d’autre et je ne le laisserai pas tomber pour faire un meilleur temps. 

D’abord, il faut éviter de se mettre la pression et de se donner un objectif. Difficile de se donner une “grille” à suivre sur le parcours. Le vélo, tu le connais, tout est imprévu. Tu peux être bien un jour et le lendemain, tout a changé. 
J’aimerai bien améliorer mes 88 heures mais si je rentre dans les temps, je serai toujours aussi contente. L’esprit, c’est d’y arriver, d’être bien.

Il y a des moments où tu doutes, tu crois que tu ne vas jamais y arriver… C’est pour ça que c’est difficile de se fixer un objectif. C’est pas l’esprit compétition qui est important en te disant “je vais y arriver dans un temps donné” mais l’esprit, “j’y vais, je vais au bout et c’est là la victoire”.

Organisation pratique

Je prends des batteries pour mes lumières. Il est obligatoire d’avoir une seconde lumière pour le cas où la première tombe en panne. Les spécialistes des longues distances ont maintenant un moyeu qui fait dynamo. 

Je prends deux cuissards de rechange, deux maillots. Un cuissard pour 400 km. Surtout pas des cuissards neufs. Des cuissards que tu as l’habitude de porter. Il faut aussi avoir une selle sur laquelle tu as l’habitude de rouler.
Tu dois avoir, un maillot manche longue pour la nuit. Un coupe-vent, imperméable au cas où il pleuvrait.
S’il pleut, je vais pédaler pieds nus. D’ailleurs, j’ai des chaussures ouvertes. Je porte des sandales shimano avec un système SPD. 

On emporte ce qu’on va manger dans les sacoches. Mais à Paris-Brest-Paris, tu trouves à manger aux points de contrôle. Ce sont des endroits où il y a une cantine et une salle de dortoir. Mais ça c’est pas l’idéal car tu ne te reposes pas bien. Tu es toujours dérangée par ceux qui arrivent et ceux qui partent. 
Moi, je préfère dormir à la belle étoile. Tu trouves un endroit abrité et tu te mets bien comme tu peux. Tu t’installes et tu dors une heure, une heure et demi. Parfois ça t’arrive de faire des micro-siestes de 20 minutes. 
Moi, je peux pas prévoir des arrêts siestes obligatoires. 

Et tout au long du parcours, les gens sont accueillants. Ils te proposent le café. Certains ouvrent leur maison pour dormir. C’est incroyable comme ambiance. 

Je démarre dimanche à 18h45. Mais il faut faire vérifier le vélo samedi. Il te faut 2 lumières devant, 2 lumières derrière, un gilet jaune, le casque, ton matériel de réparation. Tu dois montrer que tu es autonome. Et une lampe frontale pour pouvoir réparer la nuit. 

On souhaite un très bon Paris-Brest retour à Elisabeth que nous suivrons tout au long de son périple. #DotWatcher