Le cyclo-cross féminin, un laboratoire pour l’égalité femmes-hommes ?

La saison de cyclo-cross débute l’été à peine finissant. Et l’hiver n’est pas assez long pour accueillir l’ensemble des courses de cyclo-cross tant elles sont nombreuses dans le calendrier. Mais l’intérêt que nous portons pour le cyclo cross n’est pas saisonnier ou opportuniste. Non. Dans cet article, nous verrons que la pratique du cyclo-cross féminin apporte de la nouveauté. Du renouveau voire de la fraîcheur.

Le cyclo-cross se pratique à l’automne et durant l’hiver sur un circuit composé de chemins, de prairies, de champs, de morceaux de route et parfois sur le sable. Le cycliste adapte son déplacement aux conditions du terrain. Des obstacles peuvent le contraindre à poser les pieds par terre et à transporter le vélo. Il est possible de le pratiquer en pleine nature. Mais le cyclo-cross est surtout pratiqué, sous la forme de courses, sur des circuits de 1,5 à 3,5 km proposant des difficultés variées : montées courtes, descentes raides, franchissements d’escaliers…cyclo-cross féminin

Pour la grande histoire

La naissance du cyclo-cross se situe à la fin du 19è siècle, début 20è. Il faut surtout retenir que cette discipline naît de la conjonction de certains facteurs.
A cet époque, le vélo est le moyen de déplacement le plus populaire. Il n’est pas question de loisirs ou de toute autre chose. Tout simplement de fonctionnalité : bon marché, il accélère les déplacements des hommes qui se rendent au travail. Le mouvement général est celui de la révolution industrielle en marche.
La défaite de la guerre franco/Prussienne en 1871 est présente dans l’esprit des stratèges militaires français. Le vélo constitue un moyen moderne, bon marché, rapide pour se mouvoir sur le terrain.

Le capitaine Gérard crée dans son régiment (87è de ligne)  une compagnie de cyclistes (1892-1898) qu’il équipe d’une bicyclette pliante (Peugeot) capable de franchir des terrains non préparés.

C’est sûrement ce qui inspire le journaliste Daniel Gousseau à créer en 1895 les premières joutes de « Cross Country Cyclo-Pédestre » dans les bois de la région Parisienne sous l’égide du « Training Club de Paris » . Le premier Championnat de France de la spécialité se déroula le 16 Mars 1902 au Petit-Bicêtre près de Clamart

De nos jours

Le cyclo-cross c’est surtout une épreuve très exigeante physiquement. L’endurance est la qualité physique de base de cet exercice mais à des niveaux d’intensité élevés. La durée de l’épreuve (40 minutes pour les femmes) et les exigences du terrain imposent des variations d’intensité constantes. Il faut être “explosif” à certains moments et posséder les techniques pour franchir les obstacles.

[4 bonnes raisons pour entraîner l’explosivité]

Le cyclo-cross féminin

Un succès en raison d’une conjonction de différents facteurs qui produisent un cercle vertueux.

Une large médiatisation des courses

Le format des courses est ramassé dans le temps et l’espace. Sur une journée, il est possible d’organiser différentes courses et de rassembler autour du circuit de très nombreux spectateurs. Les courses en Belgique et aux Pays-Bas sont populaires. 

Les médias sont présents et principalement . Cette dernière joue un rôle indéniable. Les sponsors y trouvent un relais efficace. Les caméras disposées aux endroits stratégiques restituent l’intensité des courses. On se souvient tous du mano a mano Sanne Cant-Marianne Vos aux championnats du monde à Belvaux et du duel entre Sanne Cant et Katherine Kompton sur les pentes du Cauberg.

Les dirigeants des équipes ont demandé aux organisateurs de placer les courses Elites Femmes juste avant l’épreuve masculine. Ce qui renforce l’intérêt des médias. En France, par exemple, la chaîne “L’équipe” diffuse en direct toutes les manches de la coupe du monde et repasse en boucles les épreuves

Un peloton international

De plus, Le cyclo-cross permet de gagner pas mal d’argent pendant l’hiver ce qui attire un peloton international plus diversifié que pour les hommes. En outre, un phénomène de passerelle entre le VTT et le cyclo-cross est observée. C’est le cas pour Pauline Ferrand-Prevot, Jolanda Neff ou Evie Richards.

Un engagement de l’UCI

Le rôle de l’UCI est essentiel. D’une part, L’UCI exige que dans chaque équipe, il y ait une athlète féminine. La fédération internationale vient d’introduire (20 juin 2018) de nouvelles obligations financières pour les organisateurs des épreuves de coupe du monde. Pour la saison 2019/2020, les quatre premières recevront la même prime que celle des hommes. Cette obligation sera étendue aux onze premières pour la saison 2020/2021 et aux quarante premières en 2021/2022. Dès cette saison, l’UCI adopte une grille de prix identique femmes/hommes pour récompenser les vingt premiers du classement général.

Rompre avec ce qu’on attend d’une femme

Tout cela est très réjouissant car le développement du cyclo-cross féminin est, en quelque sorte, un pied de nez aux mécanismes qui fabriquent les stéréotypes de genre. Nul besoin d’être sociologue pour remarquer que hommes et femmes investissent des espaces sportifs différenciés. Aux femmes « grâce, séduction, beauté », aux hommes « courage et action ».

Mais pourtant, dans les courses de cyclo-cross, les femmes prennent le contre-pied des pratiques qui ne leur étaient pas d’emblée destinées. A elles, la boue, la terre, les glissades, la maîtrise des techniques, la dramaturgie de la course…

Rendez-vous sur les épreuves de cyclo-cross. 

Et pour découvrir un vélo de cyclo-cross, la vidéo présentant le Focus Mares 9.7.

Comment débuter le cyclo-cross quand on est une femme de 47 ans ?

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