Le 8848 Women’s Challenge : un défi original réussi

Il fallait le faire : réunir 60 femmes pour réaliser un défi fantastique : 380 km cumulant 8848 D+ en 36 heures. Parfois dans la douleur, elles ont fait leur 8848 women’s challenge.

A peine sortie de la nuit, à 6 heures pétantes, 90 cyclistes, principalement des femmes (62), prenaient la route pour une aventure qui allait durer jusqu’au bout de la nuit pour certaines. Une épreuve d’ultra cyclisme de 360 km à réaliser en 36 heures. Une particularité : il fallait franchir une douzaine de cols dont quelques cols mythiques parcourus par le Tour de France. 

8848 womens challenge

“Un sacré chantier”, c’est par ces mots que Sarah résumait ce qui l’attendait tout au long de ce “8848 WOMEN’S CHALLENGE”. 

8848, tout un symbole

Le 8848 représentait le dénivelé total à monter au cours de cette aventure. Il fallait bien se rendre à l’évidence, en cumulant le dénivelé des trois circuits, on était loin du compte et chacune pensait qu’il faudrait ajouter une dernière ascension pour atteindre 8848. L’organisation avait tout prévu puisque un décrochage était proposé à partir du kilomètre 321 pour se diriger vers Hautacam et afficher sur son compteur le dénivelé souhaité. 

8848, un Everest. On pouvait le prendre au pied de la lettre, au premier degré. 

Ce chiffre comporte, aussi, un aspect symbolique. Un Everest, c’est un peu un endroit qu’on voudrait atteindre car, comme la montagne, cet objectif fascine. Il effraie, également, car, comme la montagne, le chemin pour y parvenir est semé d’abîmes. 

8848 women's challenge

Pour l’organisateur, 8848 était surtout un prétexte pour permettre aux inscrites et inscrits d’écrire une nouvelle page dans leur histoire de cycliste. Et tout était prévu pour que ces récits varient d’une personne à l’autre. (chacun pouvait écrire son aventure comme elle le souhaitait.

L’ultra cyclisme fait partie des épreuves d’endurance parmi les plus spectaculaires. Elles sont réservées aux cyclistes expérimentés et entraînés. Plus elles se prolongent et moins il y a de femmes qui passent la ligne. 

En mettant au point le scénario du “8848 Women’s Challenge”, les organisateurs ont d’abord pensé aux femmes. Déjà, un événement faisant référence explicitement aux femmes. Ensuite, une organisation leur permettant d’organiser leur épreuve comme elles le souhaitaient. En effet, parcourir 360 km cumulant 8848 m de dénivelé en 36 heures est un défi hors-norme pour la plupart des cyclistes. Et rien que d’y réfléchir, on pense d’emblée que ce serait impossible. C’est pourquoi, le parcours a été prévu en 3 boucles repassant systématiquement au point de départ. Ce dernier, surnommé le “camp de base” se situait dans un hôtel où il était possible de loger mais aussi, qui permettait aux participantes/participants de trouver un confort qu’il n’aurait pas sur une épreuve traditionnelle. Un refuge en quelque sorte pour les participantes/participants pour qu’elles/ils se concentrent sur leurs heures sur la selle. 

Séverine souhaitait aller vite sur le parcours. Partie, avec les autres, elle terminait les 360 km vers 2h20 le samedi matin. Un peu plus de 20 heures de vélo, plus de 7 000 D+. Elle s’est reposée et restaurée à l’hôtel à chacun de ses passages très brefs à l’hôtel.

Aurore, Claire et Blandine, quant à elles, ont aussi décidé de rouler toute la nuit. Elles ont terminé vers 7 heures du matin, un peu plus tard, car elles sont allées au sommet d’Hautacam pour voir afficher sur leur écran le chiffre symbolique. 

D’autres participantes/participants ont terminé les deux premières boucles le vendredi et sont reparties le lendemain à 4 heures pour certains, un peu plus tard pour d’autres. L’idée étant d’aller chacun vers ses propres limites, de les toucher, de les analyser. Les puristes diront que ce n’est pas de l’ultra cyclisme… Ils ont raison mais ce que nous souhaitions c’est qu’elles/ils aillent jusqu’au bout de leur possibilité. Toutes et tous ont touché leurs limites, expérimenté la fatigue, géré l’hydratation et l’alimentation, ressenti la chaleur et le froid. 

La performance était là. Tout au moins à la portée de toutes/tous. D’ailleurs, la médaille du finisher était une friandise. Une médaille sous la forme d’un biscuit gracieusement offert par la célèbre boulangerie Poilâne connue internationalement. Jouer des paradoxes “Riding for the cookies”, prendre la liberté de desserrer l’étau des normes sportives en affirmant que toutes et tous peuvent performer. 

Nathalie est dans ce cas. Elle qui porte fièrement un maillot au message humoristique : “riding like a turtle”. Elle est venue en famille. Elle n’est pas une spécialiste de la longue distance, bien au contraire. Pourtant, même si elle sort du créneau horaire, elle termine le challenge en montant Hautacam. Non seulement elle touche le 8848, roule 380 km et va jusqu’au bout de son effort. Fierté.

Elena, quant à elle, a vécu des expériences cycliste les plus diverses. Fort de tout cela, elle est venue la fleur au fusil sans aucune stratégie. Elle repart gonflée d’émotions comme une montgolfière. Elle n’avait jamais roulé de nuit et envisage de s’entraîner pour réaliser un ultra. 

On pourrait multiplier les histoires par autant de participantes/participants. Sourires aux lèvres, la voix chargée d’émotions, le visage tiré par la fatigue, elles/ils échangeaient à table après ce long week-end. Le 8848 Women’s Challenge, c’est aussi un grand moment de convivialité à la fin de l’événement. 

60 femmes au départ et 21 hommes. Le rapport est inverse aux autres courses. Nos “Biking women” ont relevé le défi d’être présentes en nombre à un événement difficile. De jeunes femmes, une moyenne d’âge de 40 ans. Venant de toute la France, d’Angleterre, d’Espagne, d’ Allemagne, d’Italie et même des Etats-Unis. On retrouve des membres de nombreux groupes féminins qu’il est difficile de faire se rencontrer d’habitude. 

On ne peut que penser à ce moment là aux bénévoles qui se sont rendus disponibles. Les membres de FEMME & CYCLISTE qui ne roulaient pas ce week-end là et qui ont donné une partie de leur temps.

On se retrouve en 2022, la date est déjà fixée : 26 et 27 août. Départ 6 heures du matin à Lourdes pour de nouveaux parcours.

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