Comment s’habiller pour rouler à vélo en hiver : 3 conseils

S’il était nécessaire de distinguer le cycliste confirmé du débutant, l’observation de leur façon de s’habiller lorsqu’il fait froid pourrait être un indicateur pertinent. Dis-moi comment tu t’habilles en hiver, je te dirai quel cycliste tu es.
On ne va pas se le cacher, le cyclisme en hiver est une gageure. Les journées sont courtes et la météo n’est pas souvent de la partie. Il faut être motivé. Ce sera nécessaire, aussi, de résoudre toutes les questions relatives à l’habillement.
Il n’y a pas de recette. Cela ne se fait pas non plus au hasard. Se vêtir correctement est tout simplement vital. En faisant de mauvais choix, le cycliste risque de vivre une sortie vélo inconfortable voire de se mettre en danger.  

Savoir s’habiller en hiver est une compétence née de la conjonction de différents facteurs. Il y a bien entendu des connaissances à prendre en considération mais il y a aussi l’expérience que le cycliste tire du terrain. Il y a, aussi, les exigences de thermorégulation de l’organisme tout en envisageant les effets de l’activité physique sur la température corporelle. Un double équilibre, au final, pour apprécier de rouler quand il fait froid.

Trois exigences – le cyclisme en hiver

1 – Le corps ne doit pas souffrir du froid

Il faut savoir que dès que le corps à froid, il met en oeuvre trois mécanismes.

  • Automatiquement, il vient bloquer l’évacuation de la chaleur par la peau. La vasoconstriction des artérioles cutanées régule le débit sanguin pour protéger l’afflux du sang vers les organes vitaux.
  • La thermogénèse, puisque c’est ainsi que ça s’appelle, stimule le métabolisme de manière à assurer la température corporelle appropriée. La réaction est réflexe. Le but est de protéger les fonctions vitales de l’organisme.
  • Le frisson thermique est également réflexe. Il s’agit d’une succession de contractions musculaires à haute fréquence se transformant en chaleur. C’est pour dire que lorsque le corps frissonne, c’est qu’il a vraiment froid. C’est un puissant système d’alerte.

Les extrémités sont sujettes à de grosses déperdition en chaleur. Ainsi, il peut se produire jusqu’à 30% de déperdition de chaleur si la tête n’est pas couverte.
C’est également aux extrémités que le phénomène de vasoconstriction intervient le plus. Non seulement, les extrémités subissent l’assaut du froid mais les mécanismes corporels accentuent le froid que l’on ressent.cyclisme en hiver

Trois mesures sont à prendre

  • maintenir la chaleur du corps au niveau de la température de consigne.
  • s’assurer que la chaleur créée ne se disperse.
  • protéger les extrémités plus exposées mais aussi points d’entrée du froid.

2 – Il faut tenir compte des effets du vent

Le déplacement amplifie les effets de la température sur le corps.

Les effets du vent augmentent la sensation de froid. On parle d’effet “windchill”. La température est ressentie plus froide qu’elle ne l’est en réalité. Ainsi, par une température extérieure de 10° et un vent de 30 km/heure, la température ressentie ne sera que de 1°.

Si un vent froid souffle au travers d’un vêtement, le microclimat entre la peau et le vêtement est dégradé. Le corps se refroidit.

Vent en Km / h

Température extérieure Température ressentie

0

10° C

10° C

30

10° C

1°C

50

10° C

– 2°C

Trois mesures sont à prendre 

  • se protéger des effets du vent
  • couvrir les extrémités pour qu’elles ne subissent pas les effets du vent.
  • Etre attentif aux chevilles et genoux, articulations exposées à l’effet windchill.

3 – Il faut tenir compte de l’intensité de l’activité physique

[Pour comprendre les mécanismes de thermorégulation, lire ou relire l’article “A vélo, femmes et hommes sont-ils égaux face à la chaleur ?”].

Même lorsqu’il fait froid, une activité physique modérée entraîne une augmentation de température de 2° par heure. Afin d’éviter toute surchauffe, l’organisme doit évacuer cette chaleur.

Transpirer est un moyen puissant pour l’évacuer. Notre corps au repos dégage environ 0,06 litre d’eau par heure. En cas d’effort léger (simple promenade), on passe à 0,5 litre d’eau par heure. Si l’effort est intense, on peut atteindre un litre ou plus.
Pour éviter que le corps ne se refroidisse ou ne s’échauffe excessivement, il est extrêmement important d’évacuer rapidement cette humidité.

Des mesures sont à prendre.

  • s’assurer de ne pas être trop couvert afin d’éviter une augmentation de température corporelle trop importante
  • Veiller à évacuer rapidement et efficacement l’humidité du corps.

Comment choisir les vêtements ?

L’activité physique, ,le cyclisme en hiver est intense et la chaleur intrinsèque est importante. L’humidité doit être évacuée rapidement. En même temps, la vitesse de déplacement accentue l’effet de la température sur le corps. Il faut s’en protéger tout en assurant l’évacuation de la transpiration. Tout cela est particulièrement technique.

Dans le modèle suivant, nous nous situons dans une fourchette de température de 0 à 5°.

1 – Le cuissard pour le cyclisme en hiver

A ces températures, le cuissard doit essentiellement assurer l’étanchéité de l’ensemble. Le froid ne doit pas pénétrer. La barrière isolante ne doit pas être rompue (un pont thermique).

Le choix d’un cuissard à bretelles est un choix de raison. Le cuissard couvre le corps sans discontinuité. Les bretelles vont assurer la tenue de l’ensemble. Le cuissard emprisonne un air chaud et humide que le vêtement, juste au corps, va comprimer. La compression de l’air provoque un échauffement ce qui renforce d’autant plus la chaleur à l’intérieur du cuissard.

Il n’est pas nécessaire que le bas du cuissard soit coupe-vent. L’air chaud comprimé à l’intérieur du cuissard est moins dense que l’air froid extérieur. Cette humidité, sous la forme de vapeur, traverse le tissu et constitue une fine couche d’air chaude et humide (transpiration). 

Ce principe ne fonctionne pas une fois sous la pluie. Il vaut mieux s’équiper, dans ce cas là, d’un vêtement plus technique, de type “soft Shell”.

Certains cuissards longs comprennent un haut qui couvre la quasi intégralité du torse. D’autres couvrent largement le dos tout en laissant ouvert l’avant. Dans la majeur partie des cas, le dos est fait d’une structure en maillage (mesh) facilitant le transfert de la sueur.

2 – La protection du haut du corps

Le torse est moins actif que les jambes. Il faut veiller à y maintenir la température idéale.

La première couche est en contact direct avec la peau. Son rôle est principalement thermique : il capte la chaleur du corps, comprime cet air chaud ce qui augmente d’autant plus la température.
Le vêtement est respirant : il assure le transfert régulier et rapide de la sueur pour qu’elle ne soit plus au contact de la peau. Si la peau est humide ou au contact de quelque chose d’humide, le froid s’installe plus facilement.
Typiquement, des sous-vêtements en fibres synthétiques « respirants »sont utilisés. Certaines marques ont développé des produits de très haute technicité.
Une autre option est la laine mérinos (avec un haut pouvoir isolant) mais sensiblement plus chère et plus fragile en entretien. On oublie le t-shirts en coton qui retient l’humidité.

La seconde couche n’est pas choisie au hasard. Le vêtement va emmagasiner la chaleur. Les fibres des tissus de type polaire ont la faculté de contenir une grande quantité d’air en raison principalement des fibres creuses de PET qui créent autant de microcapsules d’air qui capte la chaleur du corps. Cette couche est isolante.
Le tissu polaire est également perméable, laissant passer la sueur et la transférant à la couche externe. Il sèche plus rapidement et continue à protéger du froid même quand il est humide.

La troisième couche a trois fonctions.

  • Elle doit  être hermétique pour ne pas laisser s’échapper la chaleur.
  • Cette couche est protectrice. Comme une barrière qui empêche la pénétration de l’eau (imperméable) et du vent (coupe-vent).
  • Enfin, il faut assurer l’évacuation de l’humidité vers l’extérieur.

Par exemple, la marque “Gore Tex” a mis au point une membrane micro-poreuse. Ces pores sont 20 000 fois plus petits qu’une goutte de pluie mais 700 fois plus gros qu’une molécule de vapeur d’eau. Ils forment donc une barrière contre la pluie mais permettent le passage de la transpiration à l’état gazeux.

3 – La protection des extrémités

Si la tête n’est pas protégée, il est possible de perdre jusqu’à 40% de chaleur.
Pour assurer l’étanchéité de la tenue, on s’équipe d’un tour de cou  qui se glisse sous la veste et qu’on peut remonter jusque sous les yeux. Il est possible de l’utiliser pour se couvrir la tête.
Un bonnet peut être utilisé, également.

Aux mains, on porte des gants. Ils doivent être imperméables, coupe-vents et respirants.

Enfin, aux pieds. On porte des chaussettes thermiques et des sur-chaussures. Les chaussettes sont sous le cuissard. Placées à l’extérieur, elles peuvent occasionner des pertes de chaleur.
Il existe, aussi, des chaussures spéciales “hiver”.

Bien équipé, il est possible de rouler par tous les temps. Notamment quand il fait très froid. Il faut respecter un certains nombres de principes. L’expérience s’acquière au fur et à mesure. 

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*