4 pistes pour favoriser le développement du cyclisme féminin

cyclisme féminin

Dans cet article, on vous propose  de découvrir 4 pistes pour participer à la réflexion du développement du cyclisme féminin, à la pratique sportive, plus précisément. Les cyclistes femmes sont nombreuses dans les pelotons des coureurs de haut niveau. La pratique sportive, dite de loisirs, peine à se structurer et à se développer. Pourtant, l’amélioration de la pratique sportive des femmes peut permettre de modifier le regard sur le cyclisme considéré comme un sport masculin.

Le développement du cyclisme féminin reste fragile

La pratique sportive du vélo par les femmes, le cyclisme féminin, peine à se développer. Par exemple, les femmes ne représentent que 10%, environ, des adhérents de la Fédération Française de Cyclisme (FFC), soit 10 à 12 000 licenciées. Pourtant, la fédération s’est engagée, dès 2006, dans une succession de plans de féminisation qui n’ont pas permis une augmentation du nombre de licenciées.

cyclisme féminin

Que ce soit dans les courses internationales ou nationales, les participantes sont nombreuses. Par exemple, chaque épreuve de la coupe de France “femmes” rassemble près de 130 cyclistes. Pour autant, à la FFC, le nombre de femmes inscrites dans la catégorie “coureurs” est très faible, de l’ordre de 8% des licenciés. De plus, le nombre de licenciées s’érode entre l’enfance et l’âge adulte. Uniquement 4,7% des compétiteurs adultes sont des femmes.

La pratique sportive des femmes n’est pas structurée

Aujourd’hui, les catégories féminines dispose d’un haut niveau. Seulement, la base des compétitrices est étroite. Comme celle des hommes, la pratique des jeunes filles diminue à l’adolescence. Mais, à l’âge adulte,  les femmes ne trouvent pas d’intérêt à se licencier à la FFC pour pratiquer la compétition. On pourrait penser qu’elles s’intéressent moins à la compétition mais le nombre de participantes aux épreuves de course à pieds dément immédiatement cette idée. Ainsi, sur certains trails, elles représentent 43% des participants. A titre de comparaison, sur les épreuves cyclosportives – épreuves de loisirs de masse équivalent aux épreuves de course à pieds sur route – le nombre de participantes est largement en deçà des 10% des inscrits.

Les raisons profondes de cette désaffection sont, sûrement, complexes.

Comment choisit-on de pratiquer une activité ?

Selon des recherches en psychologie sociale, le choix de s’engager dans une activité sportive est influencé notamment par trois variables.

Le lien que l’individu entretient avec l’activité est la première. Il s’agit de la manière dont la personne a connu la discipline : une activité pratiquée par un ou des membres de la famille, une expérience concrète à l’école, une activité périscolaire, la télévision… Plus cette expérience (concrète ou fantasmée) est positive, plus la volonté de s’engager est grande.

Le rôle des parents, de la famille, des amis et relations, des enseignants est déterminant pour le cyclisme féminin. Il est question à la fois de la manière dont ils vivent eux mêmes l’activité et de la façon dont ils en parlent. Plus le message est positif, plus il grandit la capacité de s’y projeter.

Le troisième point est totalement différent. Ces études mettent en évidence une influence marquante des stéréotypes de genre et des rôles attribués aux hommes et femmes. Cela signifie concrètement que les individus ont un intérêt plus grand pour les activités qui correspondent à leur genre et un intérêt plus faible pour les activités appropriées au genre opposé.

… choisir ou pas d’être cycliste…

Pour en revenir au cyclisme, on constate d’une part que les filles, les jeunes filles et les femmes qui le pratiquent ont un parent ou un conjoint qui pratique le cyclisme. D’autre part, la faiblesse du nombre de licenciées tend à accréditer le troisième point. Le cyclisme étant un sport essentiellement masculin, les femmes le tiennent à distance.

Cela étant dit, ces données ne nous expliquent pas pourquoi celles qui le pratiquent abandonnent et ou se sentent affectées par un stéréotype négatif.

Lire l’article “Femmes et cyclisme font-ils bon ménage ?

Toujours selon certains auteurs de psychologie sociale, le simple fait d’être conscient de l’existence d’un stéréotype négatif peut suffir à influencer l’attitude de la personne. Cet effet de “menace du stéréotype” est renforcé lorsqu’il intervient en contexte évaluatif. Dans un groupe de cycliste, même en mode balade ou loisirs, la “compétition” est sans cesse présente. Cela renforce, on ne saurait en douter, le malaise des femmes. Cette menace engendre une pression qui affecte le comportement, augmente l’anxiété, réduit la confiance en soi… 

Casser l’image d’un sport masculin

Bref, le cercle vicieux tourne à plein : les femmes ne sont pas attirées par le cyclisme considéré comme masculin ; celles, peu nombreuses, qui le pratiquent ne s’y sentent pas à l’aise.

Pourtant, il est possible d’agir. C’est un impératif. En effet, plus les femmes seront nombreuses à pratiquer sportivement le vélo, plus l’image du cyclisme, sport masculin, se cassera. Ce qui, dans un second temps, influencera les familles et les jeunes filles à choisir le cyclisme comme activité sportive. C’est seulement dans ces conditions que le nombre de licenciées augmentera, à moyen terme.

4 pistes pour développer la pratique sportive du vélo par les femmes.

1 – Rendre les femmes visibles au sein des pelotons

Même si elles ne sont pas nombreuses, les femmes sont présentes dans les pelotons des épreuves cyclosportives. Elles représentent de 4 à 10% des inscrits. Par exemple, à l’Etape du Tour, elles sont régulièrement 600 sur les 10 000 cyclistes classés. Pour autant, ce sont des anonymes au coeur d’un énorme peloton masculin. Il est fondamental qu’on les rattache à l’évènement : Ce n’est pas simplement un cycliste mais une femme qui s’engage dans un exercice exigeant au même titre que tous les autres. La revendication de l’identité est un passage nécessaire à la fois pour construire l’appartenance (“je suis une cycliste”) et la spécificité (“je suis une femme sportive”).

2 – Rouler entre femmes

Cela n’empêche, parce qu’elles sont peu nombreuses, elles sont dispersées. Donc, il est nécessaire de les rassembler dans le but de constituer des groupes favorisant les échanges de pratique et rassurant celles qui se sentent moins à l’aise. L’inconvénient, dans ce cas, c’est l’hétérogénéité des niveaux. Difficile de rouler ensemble dans ces conditions.

3 – Rouler en groupes mixtes

Cette affirmation de l’identité ne tient pas à distance l’effort de mixité qu’il est nécessaire de faire vivre. En dehors du cadre de la compétition officielle (courses et qualification), il est indispensable que femmes et hommes aient une pratique de loisirs commune, sans séparation. En raison de l’antériorité de la pratique, les hommes possèdent une culture du cyclisme que les femmes n’ont pas. Plus ils rouleront ensemble, plus ils partageront des expériences, plus ils construiront une culture commune.

4 – S’entraîner

La question de l’entraînement est essentielle. Elle n’est pas exclusive aux femmes. Elle concerne tous les cyclistes. L’enjeu est de créer une culture de la pratique sportive du vélo. S’asseoir sur une selle de vélo ne suffit pas pour devenir cycliste voire compétiteur. Il y a, au coeur de la pratique, des logiques qu’il faut assimiler et stabiliser. C’est valable pour les hommes comme pour les femmes.

L’enjeu du développement du cyclisme féminin n’est pas simplement une question du nombre de licenciées. Il est, en premier, dans l’exercice physique que la pratique du vélo permet. Le vélo est une activité de loisirs que l’on peut pratiquer en famille, qui a des incidences sur le maintien de la santé.
Si le haut niveau doit profiter de ce développement, c’est uniquement parce qu’on parvient à briser la réputation du cyclisme comme un sport masculin.

Si vous aussi vous avez des idées pour aider au développement du cyclisme féminin, n’hésitez pas à commenter et à partager cet article et les autres.

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