Je fais Sup de vélo !

Hervé et Angélique Rakowski roulent à vélo, ensemble. L’histoire est banale. Elle pourrait s’arrêter là tant d’autres couples roulent à vélo aussi.
Pourtant, ce que nous allons raconter c’est autre chose. C’est une histoire où le vélo arrive au cœur d’une vie de couple pour aboutir à Sup de vélo.

Ceux qui roulent à vélo savent à quel point la pratique du vélo peut occuper l’esprit, jusqu’à l’excès parfois. La passion peut être partagée et le vélo devient, dès lors, un point de fixation d’une vie de couple, une relation circulaire où le vélo est médiateur, un objet désiré qui soude le couple et entretient la passion. C’est suffisant à raconter. Toutefois, l’histoire ne s’arrête pas là. Elle se prolonge. Pour Angélique et Hervé, le vélo va devenir un moyen pour structurer la vie professionnelle.

Rouler à vélo en couple

Il est toujours intéressant de voir comment on débute le vélo. Certains débutent jeunes, bien souvent dans le prolongement d’une histoire sportive familiale orientée “cyclisme”.  D’autres commencent plus tardivement. C’est le cas de nos deux nouveaux cyclistes.

Hervé roule à vélo

Hervé est fasciné par le Tour de France. Il ne roule pas à vélo. Sportif, il l’est, sport de loisirs, pratique plus ou moins intensive (Basket, tennis de table, badminton). Ce  n’est pas seulement un sport qu’on cherche. On a besoin, aussi, de se satisfaire, de se défoncer. On cherche aussi des relations sociales. Effectivement, c’est un ami qui l’emmène faire les premiers tours de roue. Le coup de coeur se trouve sur les pentes du Mont Ventoux en juillet 2013, il se décide à franchir le pas d’une pratique régulière.

Angélique, quant à elle, reprend le sport en 2015, fitness et jogging, bien-être et santé au programme.

Finalement, pour l’un comme pour l’autre, les choses sont très ordinaires. Les urgences de la vie d’adulte une fois maîtrisées, il est possible de revenir à l’accessoire – qui ne l’est pas tant que ça. On reprend le sport.

L’heure de la discorde.

Le feu s’éteint souvent quand le lendemain on se découvre des muscles douloureux, des vertèbres qui se réveillent, un séant meurtri. Pour Hervé, c’est la passion qui va le dévorer. Il ne vit, ne pense, ne mange et ne parle que…vélo.

Si angélique était heureuse de voir son mari s’épanouir dans une activité sportive, elle commence à se poser des questions. Elle qui vient de se remettre au sport, elle comprend que les activités sportives puissent dicter l’organisation du temps des uns et des autres. Mais là, ça devient insupportable, de voir que la grasse matinée du dimanche disparaît, qu’à 6h30 teinte le bruit des bidons qu’on remplit, que le caddy du supermarché se remplit de paquets de pâtes.

L’heure des négociations arrive. Je te laisse rouler le dimanche si tu n’emportes pas ton vélo pendant les vacances”. Mais comment préparer La Marmotte ou L’Etape du Tour si on ne s’entraîne pas. Ce que confirme Angélique

Disons que ça commençait vraiment à me peser et je voyais bien que si je continuais comme ça, le vélo serait devenu un sujet de discorde (ce qui était déjà un peu le cas au final !).

Angélique roule à vélo

Ce qui aurait pu devenir un conflit prend un autre tour. Il aura fallu trois ans mais Angélique se lance à son tour. On ressort l’ancien vélo d’Hervé. Et puis, on l’adapte aux dimensions d’Angélique, selle, potence. Rien de parfait en soi mais au moins un vélo adapté à la situation.
C’est vrai que rouler à vélo est onéreux. Il est difficile d’investir quand on ne sait pas s’y on va se plaire. Le hiatus étant qu’un vélo de qualité permet de réaliser une première expérience favorable.

Angélique raconte sa première sortie.

On a fait 35 kilomètres et tout de suite il m’a emmenée faire une petite côte. Je suis tombé deux fois parce que je n’arrivais pas à déclipser mais j’ai adoré. J’étais fière et contente d’arriver en haut de la côte. Je me souviendrai toujours de cette première sortie.

Rouler en couple

Mais ce n’est pas parce qu’ils sont tous les deux posés sur une selle que tout est résolu. Bien souvent, c’est là que les difficultés commencent. Les incompréhensions surtout. Celui qui est derrière ne comprend pas pourquoi celui qui est devant roule si vite alors que celui qui est devant n’arrête pas de devoir ralentir alors qu’il roule beaucoup plus doucement que d’habitude. Pour l’un, le cœur est à 180, proche de l’asphyxie ; l’autre est à 90. Et quand il fait froid, c’est pire. Le premier n’arrive pas à se réchauffer ; le second est bouillant.

Réguler les relations grâce au vélo

Au final, rouler à vélo en couple, c’est un exemple d’une banale histoire de relations sociales. Une énième répétition de la parabole du cerf que Rousseau développe dans son « Discours sur l’origine de l’inégalité parmi les Hommes » qu’on peut appliquer au vélo. Le résultat est plutôt contre-intuitif : réduire sa liberté à un moment décisif est  un moyen étonnant pour l’augmenter à l’avenir. Une situation où, pour pouvoir se coordonner, les individus ont intérêt à priori à restreindre de manière crédible leur liberté d’action pour permettre aux autres de progresser. C’est vrai que c’est moins amusant de s’amuser tout seul.

Angélique et Hervé se sont organisés.

On roulait peut-être une ou deux fois par semaine et lui se réservait une autre sortie, voire 2, tout seul ; à son rythme.


Tout s’est régulé progressivement, patiemment.

On y est allé petit à petit ; Hervé roulait toujours avec moi, j’ai mis plus d’un an je crois avant de faire ma première sortie toute seule. Il m’a toujours attendu ; accompagné. J’ai très vite progressé et du coup le niveau s’est petit à petit harmonisé.

C’est à ce niveau que les choses deviennent intéressantes, une leçon de vie qui permet au couple (conjoints et cyclistes) de progresser. Une morale de vie au final.

Quand le vélo devient un projet professionnel

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Et le vélo continue à accompagner le couple.

La reconversion

Angélique ne se plaisant plus dans son métier décide de tout plaquer et de se reconvertir.

Je n’avais plus la possibilité d’évoluer et j’avais l’impression de tourner un peu en rond. Et puis l’ambiance ne me plaisait plus ; bref je voulais changer.

Et l’idée de lier loisirs et vie professionnelle.

… le vélo s’est présenté tout naturellement. Parce que le monde du 2 roues est en plein essor, que j’adore cet univers et que je pouvais réunir les qualifications de vente et de management que j’ai acquise pour les mettre à profit du cycle.

Il est vrai qu’une reconversion est profitable lorsqu’elle prend en compte les compétences acquises antérieurement.

J’ai pleins d’idées ; de projets mais pour les réaliser, je veux être sûre d’avoir toutes les cartes en main et ça passe par un CQP de technicien vendeur cycle. Si l’on veut vendre des vélos ou les réparer, il faut bien savoir comment ça fonctionne.

Se former pour évoluer

Angélique rejoint “SUP de vélo pour réaliser son projet.

“J’ai choisi SUP de vélo parce que c’est la seule école en France spécialisée uniquement dans le cycle. Si vous voulez passer votre CQP, c’est soit chez eux ; soit dans un CNPC où là, tous les métiers du sport sont mélangés. Et à choisir entre Mulhouse et Toulouse ; j’ai préféré le sud.”

Un CQP (Certificat de qualification professionnelle) est une certification créée et délivrée par une branche professionnelle attestant de la maîtrise de compétences liées à un métier.

L’école

Sup de vélo est l’école des métiers du cycle. Elle a pour objet de dynamiser et de promouvoir les métiers liés au cycle. Les formations ont pour but de rendre compétents toute personne souhaitant exercer un métier dans le domaine du cycle dans sa plus grande diversité.

L’école est située à L’Isle-Jourdain dans le Gers (Proche de Toulouse). Elle dispose d’un magasin/école de 200 m2 permettant de mettre en pratique les enseignements reçus en cours.

Sup de vélo

Le site de l’école “Sup de vélo” apporte toutes les informations pour comprendre le rôle de l’école, les formations proposées et l’organisation. C’est ainsi qu’Angélique débute ses recherches

si vous avez la moindre question, ils répondent à tout rapidement. Tout de suite j’ai su qu’ils étaient pros et sympas. Ils étaient aussi présents au salon du Vélo à Paris.

Le public cible

Le public cible de l’école est hétéroclite : formation continue des techniciens du cycle, reconversions des sportifs de haut niveau et de ceux qui veulent changer de métier, jeunes sortis du système scolaire… Angélique précise

la plupart des gens qui vont dans cette école sont issus, comme moi, d’une reconversion professionnelle et donc, la formation est financée par pôle emploi ou par le FONGECIF (ce qui est mon cas ). Il y a plusieurs sessions par année, à vous de voir laquelle vous convient.

Pour aller plus loin, les FONGECIF (Fonds de Gestion des Congés individuels de formation) gèrent les Congés Individuels de Formation (CIF). Ces fonds sont financés par les entreprises via le paiement obligatoire de la contribution à la formation de leurs employés. Même les salariés dont les entreprises ne sont pas assujetties peuvent réaliser une demande de financement.

La formation

Aucune formation n’est nécessaire si on souhaite ouvrir un magasin de cycles. C’est ce que précise Angélique

Nous ne sommes pas obligés d’avoir un CQP mais pour moi c’est juste indispensable. On ne peut pas renseigner un client si on ne sait pas de quoi on parle, on n’est pas crédible, on ne peut pas gérer une équipe sans savoir comment ça fonctionne.

Elle nous explique la formation

Le CQP c’est 80% de pratique en atelier. Au sortir des 7 semaines, on doit être capable de monter, démonter et réparer n’importe quel vélo. Cette formation c’est le couteau suisse de tous les métiers du vélo, si vous avez ce diplôme, vous pouvez aller dans toutes les directions.

Le marché du cycle

Certes, cette école fait partie des structures de formation habituelles. Toutefois, on sent qu’elle cherche à répondre à un vrai besoin sur le terrain, celui de mettre à disposition du terrain des techniciens du vélo, de bons professionnels, formés et compétents.

L’enjeu est réel. Sur le marché des articles de sport, celui des cycles occupe la première place (15% des ventes totales d’articles de sport dans le monde). Plusieurs points sont importants.

  • Il est en hausse.
  • Les ventes concernent principalement les cycles. Les vêtements, les accessoires et l’alimentation restent en retrait alors que la pratique du vélo est exigeante et impose d’avoir des équipements techniques correctement choisis.
  • En France, la vente de cycles se fait principalement en grande surface multisport (50% des ventes). Et cela ne fait que progresser.
  • Les ventes dans les grandes surfaces représentent 38% des ventes en valeur. Ce qui signifie que les articles qu’on vend dans les autres magasins sont de valeur supérieure (62% du marché). Il existe donc un segment important du marché de pratiquants à la recherche d’articles plus onéreux.
  • Le marché évolue. De nouveaux pratiquants s’intéressent au vélo. Les types de pratique se diversifient.
  • Parmi ces pratiquants, les femmes occupent une place sensiblement plus importante. Non seulement la pratique sportive des femmes est en progression généralement mais elles s’intéressent de plus en plus en plus au vélo. Il est à noter que l’approche du vélo par les femmes n’est pas identique à celle des coursiers.
  • La vente par correspondance par internet prend une place de plus en plus importante sur le marché. Ce qui semble être une ligne de démarcation doit être pensée, aussi, comme une opportunité. Les deux peuvent être complémentaires pour une surface de vente.

Un métier aux facettes multiples

Certes la technique prend une place centrale mais ce métier comporte d’autres facettes qui impliquent de posséder des compétences différentes. Angélique le confirme, les futurs diplômés ont des parcours variés et la volonté de s’orienter différemment.

Nous sommes 13 dont 2 femmes. Tout le monde est là pour changer de boulot et nous savons qu’il manque cruellement de bons techniciens cycle.

La formation est exigeante mais le métier est si diversifié qu’il est possible d’y réinvestir des compétences acquises antérieurement. C’est ainsi qu’Angélique prend ce temps de formation.

Je n’ai jamais bricolé de vélo de ma vie, jamais fait de mécanique non plus. je savais à peine changer une chambre à air sur mon vélo ! Autant dire que je n’y connaissais rien. Donc oui ça peut paraître difficile mais c’est comme la pâtisserie, il suffit de lire la recette comme il faut, d’avoir les bons outils et de faire les choses dans l’ordre et de façon méthodique. Je pense que le plus difficile et d’analyser et comprendre pourquoi ça ne marche pas. Si vous aimez la mécanique et que vous êtes manuel, aucun problème.

Une formation en sept semaines

Certains sont sceptiques sur la possibilité de se former en 7 semaines.

Pour moi 7 semaines c’est l’idéal pour les gens, qui, comme moi, se reconvertissent parce que la plupart ont déjà un certain âge ; une situation familiale, etc. On ne pourrait pas faire plus long. Par contre, pour les jeunes qui sortent de l’école, je pense que le mieux serait de faire cette formation à temps pleins en apprentissage. 7 semaines c’est très court, très intense ! Mais il ne faut pas oublier que pour valider le diplôme, il faut aussi réaliser 4 mois à temps plein en entreprise.

Les projets d’Angélique et d’Hervé

De toute évidence, le métier a de l’avenir et ce ne sont pas les offres d’emploi qu’on trouve sur le site qui vont démentir le propos.
Consultez le site pour vous faire une idée.

Dans mon idéal je souhaiterais ouvrir un coffee ride. Un lieu où l’on pourrait faire de petites réparations, se prendre un café, se ravitailler, papoter entre cyclistes, louer des vélos, bref un endroit de rêve pour les cyclistes !

Nous souhaitons à Angélique et Hervé de belles et enrichissantes nouvelles aventures. Nous savons par expérience que nos articles attirent l’attention d’autres médias aux audiences plus importantes.
Angélique devrait être sollicitée très rapidement.
C’est qui est pour nous une belle reconnaissance. Merci par avance.

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