Impact du cycle menstruel sur la pratique sportive.

Les cycles menstruels,- c’est ainsi qu’on est femme – font partie du quotidien des femmes. Et finalement, on en parle très peu à la fois parce que les menstruations font l’objet d’une considération qui ne se discute pas mais aussi par pudeur voire par crainte d’un sujet qu’on ne maîtrise pas. Pourtant, elles sont vécues individuellement par les unes et les autres de manière différenciée. Parfois vécus comme une fatalité lorsqu’ils pèsent irrémédiablement sur le quotidien de la vie.

Nous avons écrit cet article dans le but de comprendre quel était l’impact du cycle menstruel sur la pratique sportive. Nous avons  également voulu déterminer les répercussions que celle-ci pouvait avoir  sur les cycles menstruels des athlètes. A la fin, nous essayerons de mettre en évidence des repères stables pour permettre une vie simple.

De la puberté à la ménopause, une femme connaît en moyenne 500 cycles.

 Les cycles menstruels

Les menstruations se produisent de  manière cyclique et correspondent à un écoulement sanguin survenant en moyenne, tous les 28 jours. Elles sont la partie visible d’un cycle menstruel qui comprend de multiples phénomènes permettant le déroulement normal de la fonction de reproduction. 

La circulation hormonale

4 hormones principales sont responsables du déroulement du cycle en venant déclencher au bon moment ses différentes phases.

L’activité des ovaires est contrôlée par deux hormones produites par le cerveau : l’hormone folliculostimulante (FSH) et l’hormone lutéinisante (LH). Œstrogènes et progestérones sont produites par les ovaires et interviennent directement sur l’ordre du cycle.

Impact du cycle menstruel sur la pratique sportive

Le syndrome pré-menstruel (SPM)

Entre 70 à 90% des femmes souffrent du syndrome pré-menstruel. 20 à 40% déclarent une gêne physique importante.   

L’importance de la circulation hormonale se manifeste, notamment, lorsque les chûtes des taux de progestérone et d’oestrogéne entraînent une somme de symptômes gênants : c’est le syndrome pré-menstruel.
Selon une enquête de l’International Health Foundation, sur 2501 femmes en âge de procréer, 77% d’entre elles disent ressentir  ces troubles, et la moitié d’entre elles déclarent en souffrir tous les mois.

Sans être exhaustive, la liste suivante rappelle, rapidement, les principaux troubles que l’on retrouve dans le SPM.

  • Problèmes de peau
  • Poussées d’herpès génital ou buccal
  • Hypersensibilité des seins
  • Rétention d’eau
  • Douleurs ostéo-articulaires
  • Céphalées
  • Troubles digestifs
  • Changement de comportement
  • Fatigue, manque de concentration, insomnies…

Impact du cycle menstruel sur la pratique sportive

De toute évidence, lorsque le cycle est ordinaire (euménorrhée), il n’affecte pas la performance sportive. Des records du monde ont, ainsi, été réalisés à toutes les phases du cycle.

Quelques études sur le sujet

Antonios TSAMPOUKOS a étudié les vitesses de course, la prise ou perte de poids, le volume plasmatique et les réponses métaboliques de 14 sprinteuses  sans démontrer de différences significatives de performance aux différents stades de leur cycle menstruel. [Découvrir l’étude ici]

Une autre étude concerne des femmes effectuant le test du Wingate, test  ou la sportive doit pédaler pendant 30 secondes à vitesse maximale. Encore une fois, on observe que la phase du cycle menstruel n’a pas d’influence sur la  performance sportive et sur la concentration plasmatique de lactate.

Le point de vue de Carole Maître, gynécologue et médecin du sport à l’INSEP est intéressant car elle suit et conseille de nombreuses sportives de haut niveau. Elle note dans un texte synthèse d’une table ronde disponible ici, que “le cycle menstruel n’est pas préjudiciable à la performance”. 
Elle rappelle que les stéroïdes sexuels assurent le bon fonctionnement des métabolismes énergétiques mis en jeu au cours de l’activité sportive intense. 

Donc, de toute évidence, une sportive est capable de performer en dépit des troubles qu’elle

Des facteurs qui pénalisent la pratique sportive

Si les cycles menstruels, quels que soient leurs stades,  n’ont pas d’effets significatifs sur la performance sportive, les athlètes subissent des désagréments identiques à l’ensemble de la population féminine. 

Carole Maître, toujours elle, rapporte les résultats d’une étude portant sur la dysménorrhée et le syndrome prémenstruel auprès d’une population de sportives de haut niveau suivie à l’INSEP entre 2008 et 2009, 403 sportives d’âge moyen de 22,5 ans dont 60% sous contraceptif hormonal. 

  • Les résultats montrent que 82,7 % des sportives avaient une dysménorrhée. Sur une échelle visuelle analogique, 16,7 % d’entre elles présentaient une douleur forte (cotée de 7 à 10), survenant pour 71 % d’entre elles les 2 premiers jours des règles. La douleur était significativement de plus faible intensité chez les sportives sous contraceptif. Chez les sportives sous contraception, la dysménorrhée était vécue comme acceptable significativement par rapport aux sportives sans contraception.
  • Le syndrome prémenstruel était présent chez 84,2 % des sportives ; pour 6,2 % des sportives, le syndrome prémenstruel était perçu comme sévère et pour 2,6 % comme handicapant ; celles prenant une contraception sont statistiquement celles qui considéraient les symptômes comme normaux, modérés, acceptables.
  • Les symptômes les plus représentés sont la fatigue, la prise de poids
  • prémenstruelle, les troubles de l’humeur et la mastodynie.
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Même si les cycles menstruels n’impactent pas directement la performance, elles retentissent sur la performance pour 26,1 % d’entre-elles, elles provoquent une absence à l’entraînement (5,2 %) et un absentéisme scolaire (6,2 %).

Impact psychologique

Si le cycle menstruel n’influe pas la performance sportive par une modification sur  le plan purement physiologique, il est assez aisé de comprendre que l’apparition des  règles peut-être, chez la sportive, une source d’inquiétude et de gêne.
Une enquête effectuée auprès de 1073 participantes du marathon de Londres en 2015 relève que 340 (soit 31,7%) d’entre elles déclaraient que leur cycle menstruel avait un impact sur leur performance et sur leur entrainement, suffisamment important pour que 226 femmes (soit 21 ,1%) ont eu recours à un avis  médical.

Une étude menée sur 74 étudiantes américaines relève le caractère embarrassant et incommodant des règles. 48% les qualifient d’incommodes,  27% les qualifient de normales et 12% les qualifient de douleurs physiques.
Ces chiffres ne sont pas spécifiques à la sportive,  mais ils permettent de mettre le doigt sur les difficultés que peut éprouver une  sportive qui a ses règles et qui doit participer à une cyclosportive le jour même…  

La triade de la femme sportive

Il semblerait que la pratique sportive ait des répercussions sur les cycles menstruels. 

La triade de l'architecture - Archè&Technè

Depuis 1992, la notion de “triade de la femme sportive” est utilisée pour souligner l’impact d’une pratique trop intensive d’une activité sportive sur le cycle menstruel. Un entraînement mal géré peut avoir des répercussions négatives sur trois facteurs. 

Un déficit énergétique. 

La pratique sportive occasionne une dépense calorique très importante. Si elle n’est pas compensée à la hauteur des besoins du métabolisme, le corps semble percevoir l’insuffisance des réserves énergétiques pour assurer une grossesse et dans cette situation de stress, vient bloquer le processus ordinaire du cycle menstruel. Selon une étude, les femmes sportives en aménorrhée présentaient un déficit nutritionnel de 700 à 1 000 kcal par jour.  

Nous voilà rassuré : ce n’est pas la pratique sportive qui est la cause des troubles mais les conséquences mal gérées de celle-ci sur la santé des athlètes femmes. 
L’aménorrhée est, par répercussion, on l’a dit, la conséquence du niveau d’intensité de la pratique sportive. Elle peut  toucher toutes sortes de sportives, mais certaines catégories sont plus à risque.  Ainsi, on retrouve un fort taux d’aménorrhées chez les sportives devant  entretenir un poids corporel bas. 

L’ostéoporose

Une forte corrélation existe entre le  cycle menstruel et la croissance osseuse. 
L’ostéoporose est une maladie squelettique caractérisée par une diminution  de la densité osseuse. L’os devient plus fragile ce qui augmente le risque de  fracture.

Ainsi, une étude a montré que 54% des  danseuses aménorrhéiques ont subi une fracture de fatigue  contre 17% des danseuses présentant des cycles de la menstruation  normaux. En cause, le phénomène d’hypœstrogénisme, qui entraine une augmentation de la résorption osseuse  et une mauvaise formation de la masse osseuse. 

Quelles mesures prendre pour que les cycles menstruels ne pèsent pas sur la pratique sportive des femmes.

Les règles douloureuses ne sont pas une fatalité

Le cycle menstruel est un phénomène tout à fait normal et physiologique. Et pourtant, selon une enquête de 2014 menée par 5 gynécologues (Fevre A, Burette J, Bonneau S, Derniaux E, Graesslin O), il ressort que 66% des femmes  se plaignent mensuellement de douleurs menstruelles  fortes ou très fortes rendant ce phénomène omniprésent, presque inévitable. 

Cependant, faut-il qu’elles soient vécues comme une fatalité ? On trouve, par exemple, sur le site de l’assurance maladie, AMELI, dans une rubrique consacrée aux règles douloureuses, la description du protocole de consultation suivi par le médecin pour y faire face. 

La pratique sportive influence les caractéristiques des cycles

Le cycle menstruel est propre à chaque femme. Aucune femme n’est égale vis-à-vis des règles : apparition, abondance, intensité des désagréments. En ce qui concerne les sportives, une étude américaine portant sur 125 jeunes femmes de 16 à 22 ans (75 sportives et 50 femmes groupe témoin), dans le but de déterminer l’impact du cycle menstruel sur la pratique sportive de compétition, observe une différence significative avec une apparition plus  fréquente des symptômes chez les athlètes que dans la population générale (49,33  % versus 32 %). 

Dans une autre étude de 2016, portant sur des jeunes nageuses effectuant une moyenne de 15 heures d’entraînement par semaine, Laurent Maïmoun a mis en évidence un taux  significativement plus élevé de testostérone chez ces femmes en comparaison à des  sujets témoins (0,56 ng/mL versus 0,13 ng/mL). Cette augmentation de  testostérone, chez ces jeunes femmes, a un impact sur l’irrégularité des cycles. Dans cette enquête, l’auteur observe un lien réel entre le nombre d’heures de pratique sportive et l’apparition de SPM. Celles qui s’entraînent le plus d’heures se plaignent  significativement plus de troubles du cycle menstruel. 

L’utilisation de la pilule contraceptive

Le désir est réel de ne pas être importunées par les cycles menstruels et la pilule est un moyen pour les régulariser. On voit que 68% des sportives font le choix d’utiliser la pilule contraceptive pour régulariser l’impact du cycle menstruel sur leur pratique sportive. Voire empêcher l’apparition de leurs  menstruations dans le but de garantir le confort au moment de la pratique sportive.

Une étude Australienne observe que 43% des femmes déclarent avoir manipulé leur cycle afin de ne pas subir l’apparition de menstruations. Une tendance très forte qu’on trouve chez les sportives. En effet, dans son étude sur les sportives de l’INSEP, Carole Maître observe que 73% des femmes interrogées prenaient la pilule dans le but de régulariser leurs règles. 

Il semblerait que pour un bon nombre de sportives, l’apparition des menstruations est une forte gêne, au point que certaines s’en délestent en prenant en continu une pilule oestro-progestative. 
Elles mettent en avant l’irrégularité de leurs règles qui devenaient compliquées à gérer au  moment des compétitions. La prise de pilule leur permette ainsi de mieux s’organiser,  et offre une possibilité de gestion et de prévention des troubles menstruels lors des  compétitions (céphalées, maux de ventre).  

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