5 idées pour développer les cyclosportives auprès des femmes

Il existe bien une passion pour les cyclosportives. Un engouement qui n’a rien à voir avec la compétition. Un mouvement qui relève plus de la rupture avec le cyclisme traditionnel. Les épreuves accueillent tout le monde et les femmes cyclistes y ont toute leur place , au sein du peloton et non en dehors.

Le mouvement des cyclosportives

Aujourd’hui, dans le monde du cyclisme, rien ne vient démentir le succès populaire des épreuves cyclosportives. On ne compte plus les courses organisées tout au long du printemps et de l’été, des milliers de participants, des milliers de bénévoles. Elles se chevauchent durant certains weekends. Les événements sont de différentes natures : Haute-montagne, plaines, courses à étapes…

Des courses et des bénévoles

De plus en plus de courses sont organisées par des sociétés spécialisées dans les événements sportifs. Ce qui montre l’intérêt financier de ces manifestations. Certaines épreuves françaises rassemblent plus de 80% d’étrangers. La France est une terre d’accueil pour tous les cyclistes du monde.

A côté de ces sociétés spécialisées, de très nombreuses courses sont organisées par des clubs/associations. Des bénévoles y consacrent une grande partie de leur temps libre : montage des dossiers administratifs, recherche de sponsors, organisation pratique de l’épreuve. Même si, certaines courses sont moins spectaculaires, moins luxueuses que d’autres, il faut se souvenir que l’investissement humain est grand et altruiste.

Des courses ouvertes à toutes et tous

Derrière les “blockbusters” qui réunissent de 5 000 à 15 000 participants, les autres courses parviennent à attirer un public plus régional, plus averti aussi. Il est vrai que les participants sont hétérogènes. Au sein d’un même peloton, tout le monde se mêle : hommes/femmes, jeunes/plus anciens, champions/amateurs, cyclistes expérimentés/ débutants… C’est cette diversité qui fait l’essence de cette discipline. Qui lui donne son aspect populaire.

Culture de masse

L’organisation de ces courses cyclistes de masse, ouvertes à un large public de cyclistes débute dans les années 80, 1982, plus exactement. Ce ne sont pas des courses en peloton car le groupe se disloque dès les premiers kilomètres. Ce ne sont pas des randonnées sportives non plus car tous les participants y viennent avec leur chrono. Les motifs sont différents, les intentions variées. La très grande majorité des participants n’a aucun lien avec la compétition. Ces cyclistes n’ont pas de licence d’une fédération sportive, ils n’ont jamais participé à une course en peloton. Ils ont des origines sociales diverses. Tous ces éléments nous autorisent à penser  que le phénomène “cyclosportive” constitue une culture de masse.

Pourquoi participer à une cyclosportive ?

Le terme de culture a toute son importance. La cyclosportive n’est pas seulement un événement qui rassemble des cyclistes aux profils variés. Il y a dans ce rassemblement des éléments qui transcendent la simple participation. Il y a un état d’esprit, une logique plus profonde qui amène les individus à être présents, au même moment.

Pourquoi sont-ils là ?

En s’essayant à une réponse, on pourrait, fort a-propo, souligner justement la rencontre qui se fait à un moment donné/en un lieu précis. Les uns sont avec les autres unis par l’événement. Plus la manifestation est symbolique, plus elle réunit de participants. Le public est averti et les mots qui circulent sont de connivence. L’étape du tour, L’ariégeoise, La Marmotte… autant de noms de cyclosportives qui résonnent : une attraction glorieuse, ardente et lumineuse qui rassemblent les fidèles de ces épreuves et des autres qui rêvent d’y aller.

Une vibration commune

Au moment du départ, les voilà réunis. Les cyclistes sont les uns à côté des autres, juxtaposés mais ils forment le même peloton. Il anéantit les distances. Même si les corps ne se touchent pas, les cœurs et les esprits ne forment qu’un.
Les cyclistes, ainsi réunis, ne se parlent pas. Mais tous ensemble, ils portent en eux leurs trésors, leurs forces, leurs faiblesses, leurs doutes. La vibration est commune, entretenue, très souvent, par une scénographie – quasi liturgique – bien étudiée par les speakers.

cyclosportive

Uploaded by Tamara K cycling on 2019-02-10.

Vivre ensemble le même drame

L’essentiel d’une cyclosportive n’est ni la course, ni la performance. Mais surtout l’affirmation de la réciprocité des mérites. Il n’y a pas d’adversaire. Tous sont des partenaires qui entraînent à avancer, à se dépasser. Au final, tout le monde est gagnant. Celui qui fait un podium, celui qui fait un temps, celui qui améliore sa performance, celui qui va au bout, celui qui vainc la nature.

Et les femmes dans les cyclosportives ?

Incontestablement, les femmes ne sont pas nombreuses au coeur du peloton des cyclosportives. Rarement, elles dépassent 5% des inscrits.
Certains ont tenté d’attribuer ce manque d’intérêt des femmes pour les cyclosportives à un machisme ambiant dans les épreuves voire à du sexisme de la part des organisateurs. Les mots sont forts. Ils ne sont, toutefois, pas très justes. Cette explication est simpliste, reposant sur quelque impression individuelle. Nous pensons  qu’ils ont tort.

Il y a peu de femmes “compétitrices”

En mettant en correspondance toutes les données, on comprend que si les femmes sont peu nombreuses dans les pelotons, c’est parce qu’elles sont, également, peu à pratiquer le cyclisme en compétition. En effet, les femmes ne représentent que 15% des cyclistes pratiquant la compétition (source : “La pratique des activités physiques en France, enquête Ministère des Sports, 2010).

Elles privilégient les courses en peloton

En outre, le groupe des compétitrices est constitué, pour une large part, de jeunes femmes qui participent aux courses officielles sur route. Les femmes plus âgées, celles qui sont plus souvent concernées par les cyclosportives, ne constituent que 4,7% des compétiteurs. On les retrouvent, d’ailleurs, sur les podiums des cyclosportives.

Difficile de les réunir toutes au même endroit, au même moment

Enfin, les compétitrices sont principalement localisées dans la région parisienne (30%) et dans les départements périphériques de la mer méditerranée (25%). La réserve de compétitrices est à la fois faible et géolocalisée. Pour cela, il est particulièrement difficile de réunir suffisamment de femmes dans toutes les épreuves et dans toute la France.

De fausses bonnes idées ?!

Les idées des organisateurs ne manquent pas pour donner aux femmes une place au sein des cyclosportives.

  • Organiser des épreuves spécifiquement dédiées aux femmes cyclistes
  • Séparer les pelotons hommes et femmes
  • Créer des circuits ouverts aux femmes, distincts de ceux de la cyclosportive.
  • Organiser des départs anticipés afin de préserver les femmes de la présence – supposée – menaçante des hommes.

Continuer à rouler à vélo tous ensemble

Pourtant, tous ces dispositifs ignorent ce qui fonde la participation à une cyclosportive : le collectif, la masse, la ferveur populaire.
Toutes et tous roulent ensemble sans aucune distinction de niveau sportif, de genre, d’origine sociale ou culturelle où d’âge. Ce qui réunit les participants, c’est le vélo et le désir d’être présent.
Sans la puissance du groupe et son attraction, une cyclosportive n’a plus la même saveur .

Alimenter la mécanique sexiste

De plus, cette volonté de distinguer hommes et femmes ne fait qu’alimenter les stéréotypes. Au début, on veut protéger “certaines” qui se disent “apeurées” dans les pelotons “masculins”. Dans certaines épreuves, on propose des départs décalés à celles qui le souhaitent. Et puis, on découvre des courses qui choisissent de faire démarrer toutes les femmes 5 minutes avant.
En voulant défendre la cause des femmes cyclistes, on en vient à créer des mécanismes inégalitaires voire discriminatoires.

5 idées pour agir concrètement ?

Ce tour d’horizon nous permet de cerner les contours des épreuves cyclosportives. Il y a une certaine logique dans leur organisation qui fait qu’elles sont devenues des événements aussi populaires. Ces raisons ne concernent pas les hommes ou les femmes distinctement mais les cyclistes sans distinction de genre. C’est ce que nous essayons de montrer ci-dessous.

Etre ferme sur la mixité

S’il y a une question sur laquelle il ne faut surtout pas tergiverser, c’est celle de la mixité. Les épreuves sont mixtes. Pourquoi chercher à les dénaturer ?

  • La mixité est à la fois l’essence même de ce type d’événement et ce qui garantit son côté populaire. Un peloton de 400 cyclistes est beaucoup plus impressionnant que deux pelotons de 360 hommes et 40 femmes.
  • De plus, il paraît cruellement paradoxal à la fois d’affirmer l’égalité des sexes, d’inviter les individus à dépasser les stéréotypes et dans le même temps de les séparer pour les classer dans une catégorie de laquelle on leur demande de sortir.
  • Tous les hommes se sentent-ils en sécurité dans les pelotons ? Toutes les Femmes sont-elles apeurées dans les grands groupes ? Le constat est simple : il n’est pas possible d’enfermer un cycliste dans une identité au risque de créer des stéréotypes. Séparer les hommes et les femmes dans deux pelotons distincts au prétexte que “certaines” sont apeurées est une façon de figer et de cultiver la différence.

Apprendre à rouler en groupe

Si des cyclistes ne sont pas à l’aise au sein de grands pelotons, ce n’est pas au moment où ils participent à une cyclosportive qu’on règle la question. Tout au long de l’année, des clubs proposent des sorties en groupes plus ou moins importants. C’est à ce moment là qu’on apprend à rouler ensemble.

Une approche différente de la compétition

Les épreuves cyclosportives ne sont pas des courses ordinaires. Même s’il y a un chronométrage, un classement et un podium, ce n’est pas la priorité de la très grande majorité des participants.
D’ailleurs, la compétition n’attire pas les adeptes du vélo. Il y a, à peine, 450 000 compétiteurs sur 17 millions d’adeptes du vélo. Parmi eux, 15% sont des femmes.

Il n’y a pas d’espérance dans l’approche de la compétition. La victoire n’est pas ce qu’on désire ni ce qu’on croit pouvoir se réaliser. Elle n’est utile que pour éveiller un sentiment, pour créer une émotion. La magie du peloton fait le reste.

La performance

La nature suffit aux concurrents. Elle est un prétexte pour engager les forces. C’est de cette défiance que naît la performance. Engagement et dépense physique pour vaincre les défis qu’on se donne.
La performance dans les cyclosportives est égotiste. Elle ne consiste pas à battre les autres mais à se soulager de soi-même. Une catharsis en quelque sorte. Avoir pris le risque d’échouer, d’avoir fait face et de parvenir à l’arrivée.

les cyclosportives

Faire évoluer la communication

Les organisateurs auraient tort de faire porter la communication sur les aspects compétition, victoires et podiums. La grande majorité des participants aux cyclosportives n’y voient aucun intérêt.
C’est autour du triptype SPORT-EMOTION-ESPACE qu’il est possible de susciter désir et envie d’inscription.

Les épreuves cyclosportives sont une chance pour développer une nouvelle approche de la pratique sportive du vélo.

3 Comments

  1. Très bon article. Originaire de l’est de la France, je suis très demandeuse de participer à des cyclo sportives qui me permettent de ne pas rouler seule et de faire du tourisme.. Cette année inscription à la time Megève Mont Blanc et aux 3 ballons. J’aimer également m’inscrire et me préparer à une haute route ( alpes huez ou Ventoux) . Et si un groupe de filles était intéressé…? Do

    • Merci beaucoup pour ce commentaire qui nous fait très plaisir. Parfaits vos projets de cyclo dans l’esprit de l’article de toute évidence. Nous aurons 3 femmes cyclistes liées à Kacycling qui seront à la cyclo bourgogne fin avril. En suivant notre actualité sur notre page Facebook “kacycling”, vous aurez bientôt connaissance d’une grosse action que nous organisons durant la semaine du Tour de France dans les Pyrénées en juillet. Cela pourrait vous intéresser de rouler entre femmes (françaises, Allemandes, Australienne, Anglaises et Canadiennes) en montagne (mode rando) sur des circuits “en attendant le passage du Tour de France”. Bien à vous

  2. Une chose qui m’énerve vraiment : pourquoi n’y a-t-il que 3 catégories d’âge (le plus souvent !) pour les femmes alors qu’il y en a au moins 8 chez les hommes ? Peut-on vraiment comparer une compétitrice de 40 ans avec une compétitrice de 59 ans ?

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